Ces dernières années ont vu croître le nombre de clients en quête de l’appartement idéal, l’appartement rêvé et idéalisé, vu dans les magazines de décoration ou sur les écrans de cinéma, l’appartement fantasmé, le fameux mouton à 5 pattes.
Certes, il faut espérer grand pour avoir grand. Mais le principe de réalité est une notion à ne pas perdre de vue. Certains veulent une grande terrasse au dernier étage, mais uniquement dans un immeuble ancien, d’autres attendent l’adresse parfaite, comprise entre le n°12 et le n°32 de leur avenue fétiche, en évitant si possible le n°24, dont la façade est un peu moins belle que ses voisines. D’autres encore traquent la moindre faille et s’indignent que la 4ème chambre n’ait pas sa propre salle de bains, que le couloir soit si long ou encore que le l’école soit 500 mètres trop loin.
Le rôle de l’agent immobilier est bien entendu d’attirer gentiment l’attention du client sur l’incohérence de sa demande, et de le mettre en garde contre des attentes trop élevées qu’il n’arrivera pas à satisfaire. Mais il n’est pas de pire sourd qui ne veut entendre. Et puis il faut reconnaître que visiter de beaux appartements peut être un loisir très divertissant, et gratuit de surcroît.
Mais pour ceux qui cherchent réellement, pour résoudre un problème d’espace ou de localisation, on peut se demander ce qui les pousse à ne jamais choisir. Certains ne savent pas ce qu’ils aiment et changent d’avis constamment, au gré des influences. Mais toutes les raisons invoquées pour ne pas acheter/louer ne sont bien souvent que des prétextes pour ne pas s’engager. La peur de l’avenir et une conjoncture en demi-teinte peuvent expliquer cette attitude.
Une autre explication peut être l’impression fausse donnée par internet que le marché abonde de biens sans cesse renouvelés : il y aura peut-être mieux demain, et encore mieux après-demain. Le 3ème appartement était très bien, mais le 27ème sera encore mieux. J’ai connu certains clients qui cherchaient depuis 2 ans, 3 ans, voire même 5 ans (!), et qui perdent autant d’années durant lesquelles ils auraient pu vivre plus confortablement, ou plus près de leur lieu de travail, ou encore dans une maison plus grande, et qui ont scrupuleusement refusé toutes les offres valables qui leur ont été faites, car quand on veut trouver un défaut ou une raison de ne pas acheter/louer, on trouve ! Mais quand on cherche vraiment sa nouvelle maison, on la trouve aussi, et c’est bien plus gratifiant que de devenir un chercheur professionnel.